Le contexte
C’est l’histoire vraie des Peuples du Xingu dont la malédiction est de vivre dans le plus exubérant parc de la biodiversité amazonienne, une simple vérité humaine qui exclut les stéréotypes fondés sur l’opposition des gentils et des méchants !
Comme nous ne pouvons imaginer les poissons vivre hors de l’eau, ces peuples ne peuvent vivre hors de la forêt. Ils sont depuis toujours les garants de cet équilibre naturel indispensable à tous, les veilleurs de la Nature.
On savait la forêt amazonienne en danger, mais le pire reste à venir. La construction du barrage hydroélectrique de Belo Monte sur la rivière de Xingu a été finalement adopté le 1er juin 2011, par l’agence environnementale brésilienne IBAMA et la Funai (Fundation nationale des Indiens) avec la complicité de certains caciques Indiens. Bien sûr, les autorités compétentes ont pris soin de faire une pseudo-étude d’impact environnemental mais sans entendre les populations concernées. Bien sûr elles prévoient des compensations et un cahier des charges assortis de contraintes environnementales et socio-économiques qui le ferait presque passer pour un « barrage Vert » !
Aucune mesure compensatoire ne pourra remplacer leur terre. La crise de l’environnement est d’abord la crise du modèle de développement.
Le barrage
Belo Monte, le 3ème plus grand barrage du monde est en construction en Amazonie ,dans la volta grande du xingu, l’une des régions les plus riches, sensibles et originelles en biodiversité du Brésil. Le Gouvernement l’avait classée parmi les zones de préservation les plus extrêmes, comme l’indiquent leurs données qui interdisent toute modification du biotope. Mais cette loi très stricte a été violée par Ibama, l’organisme fédéral exécutif de l’environnement, lorsqu’il a accordé la licence de construction de ce barrage à Norte Energia. 800 000 hectares, dont une majorité de forêts primaires, vont être anéantis, 40 000 familles vont être condamnées et parquées dans des camps prétendus sociaux, des espèces endémiques vont disparaître de la Planète. Ce projet démentiel est une succession de contradictions, d’illégalité, d’ignorance et de mauvaise foi, au détriment d’un environnement humain, animal, végétal et minéral, symbole de l’un des derniers paradis terrestres. Ce barrage est aussi une aberration technologique car il ne pourra atteindre son potentiel de 11400 Mega watts que 4 à 5 mois par an. Il faudra alors construire d’autres barrages en amont, qui vont détruire l’ensemble de la rivière Xingu et ses affluents. Le pire c’est que le principal objectif n’est pas la production d’énergie, mais le partage d’un budget colossal de 13 milliards de dollars, à 80 % public, au bénéfice de multinationales.
La genèse de l’engagement
Depuis 20 ans, François-Xavier Pelletier (FXP), ethnologue et réalisateur travaille au Brésil, tout particulièrement en Amazonie pour mettre en lumière un environnement exemplaire mais fragile et fragilisé, entre deux mondes, le naturel et le moderne.
FXP a déjà réalisé de nombreuses expéditions au cœur de la forêt primaire en compagnie des peuples de la forêt, indiens mais aussi cabóclos, ribeirinhos, seringueiros, castanheiros, communautés traditionnelles qui vivent d’extractivisme.
Une de nos toutes premières missions au Brésil remonte à 1992. FXP effectuait un reportage photo sur la forêt inondée à Tucuruí (état du pará). Des milliers d’arbres au bois précieux pourrissaient ensevelis dans le lac de retenue du barrage. L’argent prévu pour le déboisement avant inondation ayant mystérieusement disparu ! Le mal était fait !
Se résigner à laisser s’accomplir la catastrophe écologique prévue de Belo Monte, c’est s’en faire complice. Plutôt que de signer une pétition, nous avons ressenti l’urgence de réaliser un documentaire pour agir solidairement avec tous les peuples de la forêt qui se sont mobilisés et sensibilisent l’opinion internationale, la part du colibri en quelque sorte ! C’est leur combat mais aussi le nôtre pour le présent et le futur ! La construction du barrage est vécue comme une agression par tous les peuples de la forêt, alors ils résistent.
Un documentaire comme arme de connaissance pour (r)éveiller les consciences.
Ce documentaire pour démontrer que l’on peut être contre ce mégaprojet de barrage sans être contre le développement surtout quand il désigne l’aspiration de chaque être humain à s’épanouir. Dans le dictionnaire, le mot «développement» signifie entre autres « accroissement naturel d’un organisme vivant » et « extension en qualité ».
Avec les Peuples de la forêt au plus prêt d’eux dans leur quotidien, nous avons réalisé « la première étude d’impact environnemental documentaire » pour démontrer par l’image et l’émotion qu’un autre monde est possible : économiquement viable, socialement juste et écologiquement respectueux.
Un documentaire qui donne un visage humain à une catastrophe écologique annoncée. Un documentaire pour unifier les peuples de la forêt, les valoriser, leur faire reprendre confiance en eux, leur faire retrouver leur fierté pour mieux se défendre.
Un documentaire « incarné » par FXP, ethnologue et réalisateur et Magnólia de Oliveira, experte en biodiversité amazonienne et elle-même cabócla (métis de blanc et d’indien). Elle partage avec FXP un goût certain de défricheur. Ces deux là ont associé leur passion de la Forêt et leur savoir faire depuis 20 ans pour éclairer la vie des Peuples de la forêt. Leur regard complémentaire est essentiel. Ils seront le fil rouge d’un itinéraire progressif au cœur d’une enquête intimisme parmi les « invisibles et les sans voix » du barrage pour montrer au quotidien les conséquences humaines et sociales de ce barrage. Une aventure humaine étonnante et un dénouement qui appartient au futur. Etre suffisamment convaincant pour sensibiliser et apporter un regard humaniste car le développement ne peut se construire sans la prise en compte de l’environnement naturel qui conditionne la possibilité de toute activité humaine.
Vouloir savoir et oser dire : FXP vient de passer six mois sur les lieux même de la construction du barrage. Six mois à rencontrer, enquêter auprès de tous les acteurs du drame annoncé. Il en est revenu bouleversé face à ce qu’il considère comme le génocide du vivant, mais aussi bouleversé face aux dénis des autorités brésiliennes et de l’opinion internationale.
– Les savoirs des populations autochtones et traditionnelles dans une biodiversité essentielle et exemplaire.
– L’existence des populations traditionnelles de l’Amazonie (caboclo, ribeirinho, garimpeiro, seringueiro … aux côtés des Indiens très médiatiques et médiatisés.
Le potentiel de la forêt reste considérable et peut être mis en valeur sans la détruire, encore faut-il que l’on fasse confiance à ceux qui sont dépositaires de ces savoirs, les Peuples du Xingu.
Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques, Jean Jaurès.